Vous parcourez peut-être ces lignes parce que vous venez de lire le billet publié dans Le Monde, à la une du cahier « Science & Techno » du samedi 6 octobre 2012, et que vous avez voulu en savoir un peu plus ? Alors bienvenue !
Comme c’est désormais la tradition à la parution de chaque billet, j’en publie ici une version plus longue, dans laquelle je peux en particulier indiquer beaucoup plus précisément les recherches de mes collègues sur lesquelles je me suis appuyé, et proposer également un certain nombre de compléments, et de pistes supplémentaires de réflexion…
Tout le monde ou presque a ces chiffres en tête : désormais, un mariage sur trois se terminerait par un divorce, et un sur deux dans les grandes métropoles. En réalité, derrière la simplicité de cet énoncé statistique, il y a des problèmes méthodologiques importants, comme c’est le cas pour tous les indicateurs démographiques : comment calculer ces taux, quand on ne sait pas pour l’instant comment se termineront les mariages qui ne sont pas encore rompus, et sans avoir à attendre la fin de l’histoire ? Là où l’INSEE calcule un « indicateur conjoncturel de divortialité » (pardon mille fois pour la coquille dans la version imprimée dans Le Monde, c’est entièrement de ma faute), qui consiste à ne pas attendre la fin de l’histoire mais à compter le nombre de divorces dans une promotion fictive de 1 000 mariages dont les taux de divorces seraient à chaque durée de mariage égaux à ceux observés l’année considérée, on peut toutefois faire plus simple : c’est un fait, en Europe, chaque fois qu’on célèbre dix mariage, on y conclut désormais en même temps cinq divorces, contre à peine un il y a quarante ans (voir ici : Eurostat Marriage and Divorce Statistics). Le mariage reste un contrat à durée indéterminée, mais plus illimitée.
La Norvège n’échappe pas à cette mutation implacable, et on y observe exactement la même explosion de la « divortialité » qu’ailleurs. Mais pourquoi s’intéresser à la Norvège ? Parce qu’une étude vient d’y être publiée par l’institut de recherches en sciences sociales NOVA, qui apporte des éclairages inédits sur certaines des causes possibles du phénomène : cette étude, intitulée Likestilling hjemme (« L’égalité des sexes à la maison »), est publié sous la direction de deux chercheurs norvégiens, Thomas Hansen et Britt Slagsvold, et la discussion de la liaison entre partage du ménage et divorce en occupe le chapitre 9 (p. 201-214), signé par les deux mêmes chercheurs. Que disent-ils ? Pour le comprendre, nous ne disposons que d’un court résumé en anglais. Il faut donc plutôt essayer de décrypter une traduction du norvégien obtenue à l’aide de Google Translate (je recommande à celles et ceux qui comprennent l’anglais de traduire plutôt vers cette langue que vers le français, avec lequel Google ne semble pas très à l’aise).
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