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Les doctorant•es de l’Université Grenoble Alpes face à la précarité financière : une première analyse à partir de données administratives

par Pierre Mercklé le 27 janvier 2023 · aucun commentaire

dans Education,Enquêtes,Exclusion,Inégalités,Recherche

Au cours des années qui viennent de s’écouler et des différentes crises qui se succèdent, la précarité étudiante s’est imposée comme un sujet majeur pour les institutions d’enseignement supérieur en France. Parmi les étudiant•es, les doctorant•es occupent une place à part puisqu’ils et elles sont à la fois en formation et salarié•es, et donc susceptibles de cumuler ainsi les risques et les formes de précarité, et pour commencer de précarité financière, liés à ces statuts.

Dans un rapport qui vient d’être mis en ligne, nous rendons compte de la première partie d’une recherche menée avec Pierre Bataille (sociologue, maître de conférnces en sciences de l’éducation à l’Université Grenoble Alpes et membre du LARAC) et Ange Mariage (étudiant de deuxième année du Master Sociétés contemporaines à l’ère numérique de l’Université Grenoble Alpes), dans laquelle nous avons cherché à approfondir les résultats d’une précédente étude sur la précarité financière des doctorant•es de l’établissement conduite par le Collège des études doctorales de l’Université Grenoble Alpes.

Voici la référence du rapport, avec le lien pour intégrer à son texte intégral au format PDF :

  • Pierre Bataille, Ange Mariage et Pierre Mercklé, 2022, Les doctorant·es de l’Université Grenoble Alpes face à la précarité financière Première partie de l’étude, rapport pour le Collège des écoles doctorales, Grenoble, Université Grenoble Alpes, 69 p. (avec Pierre Bataille et Ange Mariage), https://hal.science/hal-03905313.

Dans cette première partie de l’étude (la seconde partie de l’enquête, cette année, sera consacrée à une analyse quantitative et qualitative de l’ensemble des dimensions de la précarité sociale en doctorat), nous montrons que sur la période 2017-2021, l’absence de financement a concerné chaque année en moyenne 14% des doctorant•es. Les modélisations cherchant à déterminer les facteurs du risque de ne pas être financé•e montrent en outre que celui-ci n’est pas le même pour tous•tes les doctorant•es, mais qu’il est significativement plus élevé dans les sciences humaines et sociales, qu’il s’accroît fortement au-delà de la troisième année de thèse dans toutes les disciplines, et qu’il touche plus fortement les doctorant•es étranger•es et ceux dont le directeur ou la directrice de thèse a un nombre élevé de doctorant•es. L’analyse montre enfin que, toutes choses égales par ailleurs, le risque de ne pas être financé•e a augmenté à partir de 2019, alors qu’il était resté stable au cours des deux années universitaires précédentes.

Taux de précarité financière en fonction de la discipline (2020-2021)

 

Les analyses mobilisant les techniques de l’analyse des séquences permettent ensuite d’affiner le constat en distinguant six types de parcours doctoraux sous l’angle des moyens de financements. Le fait d’avoir dès les premiers mois de la thèse un financement dédié à la thèse donne dans la plupart des cas une orientation durable au parcours de thèse et protège de la précarité financière. Les abandons dans les six premières années d’inscription sont assez rares et, quand ils arrivent, ils interviennent assez tôt dans le parcours, et non pas après plusieurs années de thèse. De ce fait, il apparaît que l’enjeu de la précarité est plus important sur le moyen et le long terme, quand les thèses durent au-delà de trois années. Les disciplines des sciences humaines et sociales sont à nouveau celles qui sont les plus susceptibles d’être caractérisées par des proportions plus faibles de parcours de financement dédiés à la réalisation de la thèse (qu’ils soient académiques ou pas). Les doctorant•es originaires des pays d’Asie ou d’Afrique risquent, à discipline égale, aussi plus souvent de connaître des parcours de thèse marqués par la précarité. Enfin, la situation familiale semble avoir ici une incidence propre : on retrouve plus souvent les doctorant•es en couple et/ou parents dans les parcours les plus marqués par la précarité.

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